Les situations de travail isolé concernent de nombreux secteurs : transport, activités de gardiennage, entretien des locaux… L’employeur doit les prendre en compte dans sa démarche de prévention des risques. L’INRS publie la nouvelle brochure, Travail isolé, pour une démarche globale de prévention (ED 6288). Trois questions à David Tihay, responsable d’études sur les dispositifs de protection.
Qu’est-ce qu’un travailleur isolé ?
Il n’existe pas de définition réglementaire du travailleur isolé. Cela concerne un salarié qui travaille seul et qui ne peut être vu ou entendu par ses collègues. Cette situation ne constitue pas un risque, mais peut aggraver les dommages en cas d’accident en raison de l’absence de témoin pour prévenir les secours immédiatement. Du fait des évolutions dans les entreprises, ces situations sont de plus en plus fréquentes, que ce soit du fait des horaires décalés ou de l’automatisation qui réduit le nombre de personnes dans un atelier.
Existe-t-il des dispositifs pour prévenir les risques de travail isolé ?
De nombreuses entreprises abordent la question en envisageant de mettre en place un dispositif d’alarme du travailleur isolé (DATI). Mais ce dispositif, souvent appelé à tort PTI (système de protection du travailleur isolé) par les fabricants, ne protège pas. Il ne fait qu’alerter si cette personne se trouve en difficulté, il ne réduit pas les risques. Cette question doit s’intégrer dans une démarche globale de prévention. Il est parfois impossible de réduire les risques qu’encourt la personne isolée et il faut proscrire cette situation de travail. D’ailleurs, la réglementation interdit de faire réaliser certaines tâches par une personne seule comme, par exemple, les interventions en milieu hyperbare ou les opérations sur les installations électriques.
Quelle démarche adopter ?
La brochure Travail isolé, pour une démarche globale de prévention (ED 6288) présente une démarche globale de prévention des risques pour les travailleurs isolés. Elle débute par une phase de repérage de ces situations, suivie par une analyse et une priorisation des risques. Enfin, elle propose des pistes pour les réduire, qui privilégient les mesures organisationnelles. Par exemple, une procédure de suivi à distance du travailleur peut être mise en place. Il s’agit de rendez-vous téléphoniques périodiques avec un poste de surveillance. Si le salarié manque un de ces rendez-vous, le poste de secours procède à une « levée de doute » en le contactant. Si ce dernier ne répond pas ou s’il confirme une situation de détresse, les secours sont alors déclenchés. Dans certaines situations, un DATI peut venir compléter ces mesures organisationnelles afin de réduire le temps d’intervention des secours si un accident survient.